Für eine feministische Ethik: Folge 4/4 des Podcasts Iris Murdoch, Philosophin gewöhnlicher Dramen

Für eine feministische Ethik: Folge 4/4 des Podcasts Iris Murdoch, Philosophin gewöhnlicher Dramen
Für eine feministische Ethik: Folge 4/4 des Podcasts Iris Murdoch, Philosophin gewöhnlicher Dramen
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Iris Murdoch, à travers ses œuvres littéraires et philosophiques, explore les enjeux de la morale, de l’attention et des relations humaines, influencée par Sartre, Simone Weil et Wittgenstein. Ces influences nourrissent une pensée complexe et engagée. Mais quelle place accorder au féminisme dans son œuvre ? Comment ses romans illustrent-ils une éthique de l’attention féministe ? Ces questions, comme le souligne Camille Braune, éclairent les différentes facettes de la pensée de Murdoch, entre réflexion sur l’égoïsme, le langage et la condition des femmes.

Sartre, Weil et Wittgenstein, les trois influences

Iris Murdoch est profondément influencée par trois grandes figures intellectuelles : Sartre, Simone Weil et Ludwig Wittgenstein, des influences qui s’intègrent dans une éthique de l’attention au langage. Camille Braune souligne que, pour Murdoch, “les trois rejoignent l’éthique de l’attention au langage, dans le sens où avec Sartre, c’est l’existentialisme, donc un engagement politique”. En effet, Sartre lui apporte une perspective sur l’engagement personnel et politique, un aspect fondamental de son œuvre. Cependant, elle dépasse cette pensée existentialiste, trouvant chez Simone Weil une autre forme d’engagement : “Elle découvre une éthique de l’attention, (…) où elle voit que le perfectionnement de soi n’est pas dans l’individualisme, mais dans l’élan vers l’autre”. Cet aspect, centré sur l’attention à l’autre, devient central pour Murdoch, qui rejette l’individualisme du solipsisme. Enfin, l’influence de Wittgenstein, à travers sa conception du langage, est décisive : “Elle va comprendre qu’il faut passer par une enquête conceptuelle.” En somme, ces trois influences – l’engagement politique de Sartre, l’éthique de l’attention de Weil et l’enquête conceptuelle de Wittgenstein – forgent la pensée et l’écriture de Murdoch.

Murdoch était-elle vraiment féministe ?

La question du féminisme chez Iris Murdoch est complexe, en grande partie en raison de l’évolution de ses idées. Camille Braune explique que “si au début de sa vie, Iris Murdoch est très engagée politiquement, elle fait partie d’un club à Oxford qui est lié au Parti communiste, elle a une vie sexuelle extrêmement libre, on peut tout à fait la qualifier de féministe comme on l’entend aujourd’hui”. Cependant, “il y a un petit tournant conservateur à la fin de sa vie, notamment parce qu’une nouvelle vague féministe vient toucher à la famille : Iris Murdoch est un petit peu plus prudente”. Cette période des années 70 “a été compris comme Iris Murdoch était ou n’était pas une féministe, et ça a été conjugué avec le fait que dans beaucoup de ses romans, le narrateur masculin (…) est extrêmement misogyne”. Pour Camille Braune, “Iris Murdoch ne peut pas être considérée comme une militante (…) féministe, qui aurait pris la parole dans la rue”, pourtant, “il y avait bien un féminisme chez elle”*.

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Une éthique féministe dans ses romans

Dans ses romans, Iris Murdoch met en avant une éthique de l’attention, avec paradoxalement des personnages masculins, égoïstes et sexistes. Par exemple, Bradley, dans Le Prince noir, “ne peut pas être attentif aux personnes parce qu’il est persuadé d’aimer”. Pour Camille Braune, “ce n’est pas finalement anodin que ce soit des hommes qui sont mis précisément dans des situations d’échec, dans des situations d’égoïsme pur, dans des situations de machisme“. Les personnages féminins sont dans des situations difficiles, souvent victimes de l’égoïsme de ces hommes : “le fait qu’Iris Murdoch mette les femmes dans ces postures-là, c’est déjà (…) un reflet réaliste de l’époque dans laquelle elle est, de notre époque aujourd’hui”.

Pour en parler

Camille Braune est doctorante en philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle prépare une thèse sur Iris Murdoch. Ses recherches portent sur l’éthique de l’attention au langage comme projet moral singulier. Elle a publié plusieurs articles sur Iris Murdoch, le féminisme et la philosophie du langage, et a effectué des séjours de recherche à Oxford, Kingston, et Columbia. En avril 2024, elle a organisé un colloque international sur Iris Murdoch à la Sorbonne, dont les actes paraîtront en 2026 chez Palgrave Macmillan. Elle a notamment publié:

  • “Une éthique si ordinaire : Iris Murdoch”, Philonsorbonne, no. 18, 2024, pp. 13-28.
  • “From Inattentiveness Towards Moral Failures: Acknowledging Simone Weil in Iris Murdoch’s Literary Writings | Labyrinth”, Labyrinth: An International Journal for Philosophy, Value Theory and Sociocultural Hermeneutics, vol. 25, no. 2, 2024, pp. 47-73.
  • “The Ethics of Attention to Language’ Introducing Conceptual Injustice“, Wittgenstein-Studien, vol. 15, no. 1, 2024, pp. 145-174.

Références sonores

  • Archive de Iris Murdoch, interviewée par Steinunn Sigurðardóttir, RÚV (chaîne de télévision publique islandaise), mars 1985, traduit par Philippine de Belloy
  • Texte de Peter J. Conradi, « Holy Fool and Magus », dans Broakes, Justin, (ed.) Iris Murdoch, Philospher, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 123, traduction par Camille Braune, lu par Riyad Cairat.
  • Iris Murdoch, Le Prince noir (1973), trad. Yvonne Davet, Gallimard, p. 53. Lu par Diane Berger.
  • Iris Murdoch, Metaphysics as a Guide to Morals (1992), p. 385, traduction de Camille Braune. Lu par Philippine de Belloy.
  • Chanson en fin d’émission :  The Supremes – You Keep me Hangin’on

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