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Filmkritik: Mit „Oh, Canada“ gönnt sich Paul Schrader einen letzten Film über den Tod

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Les critiques discutent de cinéma canadien avec deux films tout juste sortis : Oh, Canada, un portrait des derniers moments de Richard Gere proposé par Paul Schrader et le conte très original Une langue universelle de Matthew Rankin.

“Oh, Canada” de Paul Schrader

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Un célèbre documentariste canadien accorde une ultime interview à l’un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu’a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse…

Après avoir adapté Affliction en 1997, Paul Schrader s’attaque pour la deuxième fois à un roman de Russell Banks, décédé l’an dernier. Avec Oh, Canada, le réalisateur nous présente un film simple et troublant sur ce qu’on emporte dans la mort. Richard Gere y campe un réalisateur en phase terminale hanté par son passé. Le film a été sectionnée en compétition officielle pour le festival de Cannes 2024.

Les avis des critiques

  • Raphaëlle Pireyre : “Ce film est à la fois le portrait d’un déserteur et celui d’un artiste. On y retrouve bien les obsessions de Schrader, toujours sur les mêmes thèmes : le combat entre le péché et la rédemption, la vérité et le mensonge, entre le corps et l’âme. Je trouve que c’est un film brillamment construit mais qui manque de cœur et d’incarnation. Ce qui est intéressant c’est qu’en 1980, Schrader a merveilleusement filmé Richard Gere comme un gigolo, très proche du corps. Ici il nous le montre en décrépitude, comme un personnage qui va mourir. Au fond, ce film retrace l’histoire d’un corps en train de se terminer, mais le souci c’est que l’on ne sent pas vraiment ce corps à l’écran. Au contraire, on ressent plus de désir de la part de Schrader lorsqu’il film Jacob Elordi dans les flashbacks, plutôt que Gere en train de s’éteindre, malgré la projection que le réalisateur pourrait faire de lui-même dans ce film. J’ai presque eu l’impression qu’il esquivait finalement le sujet de la mort avec ce personnage principal qui évite de nous livrer ce que l’on attend de lui. En réalité je crois que Schrader n’a pas osé filmer la mort directement, le corps qui s’écroule, alors que c’est très présent dans l’idée film. C’est dommage.”
  • Thierry Chèze :Bien qu’il m’ait questionné, je n’en suis pas sorti franchement emballé. J’aime plus le projet du film que sa réalisation. C’est un film qui arrive très plombé : Banks est mort, Schrader nous présente ce qui est probablement sa dernière œuvre et le père de Richard Gere venait de mourir lorsqu’il a reçu le scénario. Mais dès que Jacob Elordi est placé à l’écran, on perçoit une sorte d’espièglerie qui contraste avec les passages de Richard Gere. L’idée que l’on soit perdus dans le film est intéressante. Seulement, à chaque fois que l’on croit avoir un indice, on est déçu par le propos de fond. Dans ce film, Schrader semble s’être détourné des corps, lui qui pourtant n’en avait pas l’habitude. Mais peut-être aussi est-ce parce que le miroir tendu face à lui-même est trop présent ? La mise à distance qui freine le mélo aurait pu être intéressante mais empêche ici de s’impliquer dans le film.”

Le film sort en salle le 18 décembre 2024.

“Une langue universelle” de Matthew Rankin

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Matthew quitte Montréal où il a travaillé toute sa vie pour retourner à Winnipeg où il est né. L’espace-temps paraît alors bouleversé et tout le monde parle persan dans la métropole canadienne. Dans ce conte d’hiver, les rencontres de Matthew avec deux enfants espiègles, un enseignant colérique et un guide touristique plus motivé que doué, vont le mettre sur le chemin d’une quête intime et délicieusement absurde.

Après avoir été consacré par le prix FIPRESCI à la Berlinale en 2020 ainsi que le prix du Meilleur premier long-métrage canadien au TIFF en 2019 pour Le vingtième siècle a gagné, Matthew Rankin revient au cinéma avec Une langue universelle, son second long-métrage qui représentera le Canada pour l’Oscar du meilleur film étranger 2025.

Les avis des critiques

  • Raphaëlle Pireyre : “J’ai beaucoup apprécié cette fable de Noël. Elle est emplie d’un mélange de sagesse populaire et d’un humour absurde qui marchent très bien avec cette idée sous-jacente du souvenir qui plane. J’ai trouvé certaines scènes très émouvantes, sur le retour à l’enfance, le deuil. Le film est un peu comme un rêve ou un cauchemar, au choix, une transfiguration de la réalité était comme un conte fantastique. J’ai été absorbée par l’air de Winnipeg, cette présence de la ville – que par ailleurs personne ne sait situer au Canada – avec une architecture brutaliste et le personnage de Massoud en reflet du réalisateur, extrêmement enthousiaste pour montrer à tous à quel point l’endroit est un pur objet de cinéma. Il y a aussi deux effets de migrations intéressants dans le film, entre Matthew Rankin qui revient chez lui et cette communauté iranienne au beau milieu du Canada.”
  • Thierry Chèze : “J’adore les films où je n’ai aucune idée de ce que je suis en train de voir. J’ai été assez émerveillé, c’est l’un des films les plus originaux du mois, voire de l’année. On a un personnage fonctionnaire à Montréal qui revient à Winnipeg, sa ville natale. Le film est en partie biographique d’ailleurs. Et lorsque le personnage pose le pied dans sa ville, un puzzle se met en place entre lui et tous les personnages environnants. Chaque chose est construite par un plaisir de la comédie burlesque et le cadrage est extrêmement travaillé avec des inspirations diverses. Mais Une langue universelle reste tout de même un film assez unique, fait à la manière de Matthew Rankin. J’ai été beaucoup touché par cet air qui permet aux gens d’aller au bout de leur originalité, sans en avoir peur. Chacun devient alors capable d’associer en un même geste le plus grand absurde à une profonde mélancolie. Ce que j’apprécie aussi chez Matthew Rankin, c’est qu’il ne cherche pas à nous donner trop de fausses explications. Il nous présente plutôt sa ville en nous disant “voilà, bienvenue”. Et je dois dire que la place de ce film comme représentant du Canada pour les Oscars 2025 me donne de l’espoir pour le cinéma. Une langue universelle est une œuvre avec un geste puissamment artistique et donc finalement puissamment politique.”

Le film sort en salle le 18 décembre 2024.

Extraits sonores

  • Extrait de la bande d’annonce de Oh, Canada de Paul Schrader, 2024
  • Extrait de la bande d’annonce de Une langue universelle de Matthew Rankin, 2024

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