Le captagon : cette drogue de synthèse de la famille des amphétamines était devenue ces dernières années un moteur économique pour le régime, qui en assurait à la fois la production et la distribution, lui permettant ainsi de contourner les sanctions occidentales. Alors que le captagon a été longtemps qualifié – à tort – de “drogue des djihadistes”, quels bouleversements la chute du régime Assad apportera-t-elle à ce trafic ?
Qu’est-ce que le Captagon ?
Le Captagon, une drogue de synthèse, est particulièrement populaire dans les pays du Golfe, notamment en Arabie Saoudite. Il est facile à fabriquer, peu coûteux, et sa consommation est largement répandue. “Elle n’est pas chère, et c’est pour ça qu’elle est devenue, disons, populaire et facile à fabriquer”, souligne Wassim Nasr. La production et le trafic de cette drogue sont en grande partie contrôlés par Maher al-Assad, le frère du président syrien déchu, et profitent à l’appareil d’État syrien, devenu un véritable “narco-État”. Les autorités syriennes utilisent ce commerce pour financer leurs activités, y compris réprimer la population et maintenir l’ordre. “C’était devenu une Source de revenus indispensable pour l’appareil d’État syrien sous Assad”, relève-t-il.
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Le Captagon : un rôle central dans l’économie syrienne
La Syrie, en ruine et sous sanctions, a vu son économie légale se réduire à néant. La production et le trafic de Captagon sont devenus une Source majeure de financement, même pour les régions les plus pauvres du pays. Ces trafics ont permis de “faire vivre des régions entières” et d’assurer la loyauté de certaines populations. “Ça profitait surtout à l’appareil répressif des Assad, à la 4ᵉ division du frère d’Assad”, précise Wassim Nasr. Ce phénomène a conduit à une situation où le Captagon est devenu un pilier du régime, difficile à éliminer sans un changement profond du système politique syrien.
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Quels efforts pour éradiquer le trafic ?
Des tentatives ont été faites pour endiguer ce trafic, notamment par le HTS, qui cherche à se distancer des activités illicites pour gagner en légitimité auprès des pays du Golfe. Cependant, ces efforts se heurtent à la résistance des acteurs locaux, dont le soutien au régime syrien repose en partie sur ces trafics. Le HTS devra faire face à de lourdes difficultés pour éradiquer un commerce qui est profondément enraciné dans l’économie et la politique syrienne, conclut Wassim Nasr.