Dans un pays sans majorité, sans budget, sans gouvernement, sans cap ni boussole, le spectacle de ce président qui n’arrive pas à trancher, qui fixe des échéances qu’il ne tient jamais, et de cette classe politique toute occupée à poser des vétos et ériger des barricades, contre celui-ci trop à gauche, celle-là trop à droite, untel trop antisarkozyste, machin trop critique sur la dernière loi immigration… ce front des refus, par inimitié, vengeance ou sectarisme, par principe, avant même toute discussion de programme, avant tout échange avec les impétrants… nous montrent que le choc de la censure s’est vite dissipé chez ceux qui invoquaient il y a encore trois jours, sens des responsabilités et intérêt général.
L’idée d’un “pacte de non-censure” a pourtant fait du chemin…
Bonne idée sur le papier que cet accord de désarmement réciproque, qui engagerait le gouvernement à ne pas poser de 49-3, et une partie de ses opposants à ne pas voter de censure. Accord qui aurait pour premier effet… de désarmer le Rassemblement national. De sortir de la situation baroque qui était celle de Michel Barnier : celle d’un gouvernement minoritaire dont la survie dépend de son principal opposant, en l’occurrence le RN.
Mardi à l’Elysée, face à Emmanuel Macron, la gauche non-LFI a acquiescé à ce principe, qui redonnerait pleinement la main à l’Assemblée. Mais que le futur Premier ministre devra finaliser. Ce sera le moment d’une discussion de fond sur ce que les uns et les autres sont prêts à accepter ou à concéder. Mais…
Car il y a un mais !
Un ‘mais’ à 1.000 milliards €, soit le montant des deux budgets, Etat et Sécurité sociale, laissés en plan par la censure, et que le nouveau chef de gouvernement devra reprendre, aménager et faire voter, ce sera sa première urgence. Première gageure. Car on ne voit pas à quels compromis pourraient souscrire une majorité absolue de députés. Le pacte de non-censure empêche de renverser un gouvernement mais il n’interdit pas de voter contre. Et il n’y a pas dans l’Assemblée actuelle, 289 députés qui soient en phase sur un chemin de redressement des comptes publics, entre la voie du choc fiscal et celle des économies drastiques.
Le 49-3 ne participe pas d’un idéal démocratique c’est certain, mais au moins, il permet de gouverner.
Et donc ?
L’édito politique Hören Sie später zu
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Soit les partis prêts à pactiser font un pas de plus vers le compromis, en s’accordant sur le fait que le non-recours au 49-3 ne vaudrait que pour les textes ordinaires, hors budget.
Soit on aura un gouvernement stable mais incapable de passer un budget. Viable mais immobile, paralysé.
Impasse financière, politique, institutionnelle, démocratique. D’un régime à bout de souffle (La mélodie la plus connue de Martial Solal) Que vous faut-il de plus ?