Au lendemain des hommages rendus à l’Allemagne après l’attaque sur un marché de Noël qui a fait cinq morts et de nombreux blessés, la députée RN Edwige Diaz, également vice-président du parti, déplore “ce drame, une fois de plus des honnêtes citoyens tués par une personne visiblement pas équilibrée” et pointe du doigt “un faisceau d’indices” qui laisserait entendre une “barbarie islamiste” comme l’ont dit Jordan Bardella et Marine Le Pen, alors même que les autorités allemandes affirment que l’assaillant, un psychiatre saoudien, était anti-Islam.
“Depuis le début de l’année, l’Allemagne a été frappée par plusieurs attaques islamistes. Rien ne nous dit qu’il ne s’agit pas là d’un attentat islamiste”, dit-elle. “Il y a une responsabilité dans le fait de dire que oui, l’Allemagne est en train d’être gangrénée par un islamisme de plus en plus radical”, affirme la députée, sans répondre sur le cas précis de Magdebourg.
Gouvernement : “C’est la conséquence des barrages républicains”
Dimanche, la France attend toujours la nomination d’un gouvernement que doit constituer François Bayrou, et que celui-ci a promis “avant Noël”. François Bayrou a proposé à tous les chefs de parti d’entrer au gouvernement et de discuter de ce qui peut être fait pour sortir du blocage. La gauche a opposé une fin de non-recevoir, et la droite fait monter les enchères.
“Si on ne réussit pas dans cet essai, alors c’est la dernière station avant la falaise”, disait le nouveau Premier ministre jeudi soir lors de son interview sur France 2. “Nos opposants politiques ont mis la France dans une situation effectivement compliquée”, analyse Edwige Diaz. “Le vote de la censure et le blocage institutionnel dans lequel nous nous trouvons sont la conséquence de ce qu’ils ont appelé les barrages républicains du mois de juin au moment des législatives”, dit-elle, rappelant que Jordan Badella avait prévenu qu’il y aurait une “incapacité” à gouverner “si vous nous empêchez d’avoir la majorité absolue”.
“Monsieur Bayrou s’enlise”
Quel est, alors, le plan du RN ? “On a besoin d’avoir un cap, les Français sont inquiets. Il faudra qu’il y ait une prochaine dissolution pour qu’une majorité se dégage”, affirme-t-elle. Pourtant, dans une même semaine, Marine Le Pen a eu des propos à la fois optimistes et pessimistes sur le gouvernement Bayrou. “Il n’y a aucune censure a priori (…) ça dépendra d’eux, de comment François Bayrou va se comporter vis-à-vis du premier parti de France, du premier groupe parlementaire, est-ce qu’il va nous respecter, prendre en considération nos demandes ?” et affirme trouver que la situation soit un peu longue, “je trouve que monsieur Bayrou s’enlise” même si “on ne peut pas regretter d’avoir censuré Michel Barnier, qui présentait un très mauvais budget, de casse sociale : en votant la censure, nous avons protégé les Français”.
Mais par exemple, quid de la question du remboursement des médicaments dans une situation de déficit de l’Assurance maladie ? “Je voudrais rappeler que s’il y a bien un parti qui n’a aucune responsabilité dans le déficit de l’Assurance maladie, c’est le RN. Les autres font n’importe quoi, et c’est à nous de trouver des solutions (…) C’est à eux de se mettre au travail, d’ouvrir l’Assemblée nationale dès maintenant pour faire passer des lois qui sont attendues par nos compatriotes”.
Présidentielle anticipée : “Nous nous y préparons, nous sommes prêts”
“Vous dites que monsieur Retailleau parle comme nous, je vais vous dire pourquoi ce n’est pas le cas : le 31 octobre, lors de la niche parlementaire du RN, j’ai été rapporteure d’un texte visant à faciliter l’expulsion des délinquants étrangers. Le ministre envoyé par Bruno Retailleau a voté contre notre proposition. Vous voyez, c’est beaucoup de paroles et très peu d’actes, et une situation migratoire qui s’aggrave”, explique-t-elle.
Mais en cas de démission d’Emmanuel Macron, le RN est-il prêt pour une campagne ? “Nous sommes en campagne permanente, nous sommes le seul parti de France à organiser un meeting par mois”, répond Edwige Diaz. “Nous nous y préparons, Marine Le Pen, c’est le combat de sa vie”, affirme-t-elle. Et alors que Marine Le Pen connaîtra le 31 mars la décision dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires, “nous, nous considérons qu’elle est innocente, nous pensons qu’elle va être innocentée”.
Alors que le RN a offert à tous ses nouveaux adhérents qui ont fait un don le livre de Jordan Bardella, Edwige Diaz réfute l’idée que cela ait pu être fait pour gonfler les chiffres de vente de l’ouvrage : “Le livre de Jordan Bardella rencontre un succès fulgurant, à chaque fois qu’il fait une dédicace il y a des files d’attente. L’idée qui a été la nôtre d’envoyer le livre de Jordan pour tout don supérieur à 50€, c’est parce que nous avions une demande de la part des adhérents”.
Sur Mayotte : “L’incurie macroniste est responsable de l’aggravation des conséquences”
Mais la semaine a aussi été marquée par la catastrophe à Mayotte, pour laquelle Edwige Diaz “adresse [ses] Beileid und volle Unterstützung der RN an die Mahorais“. Angesprochen auf den Austausch zwischen Emmanuel Macron und den ausgesonderten Bewohnern, glaubt sie: „dass er die Nerven verlor: Angesichts der Not der Mahorais hätte er nicht die Fassung verlieren dürfen. Wenn er sich damit verteidigt, dass er RN-Leute vor sich hatte, möchte ich ihn nur daran erinnern, dass er nicht nach Mayotte gehen sollte, wenn er keine RN-Wähler treffen will.“. „Ich verstehe die Verzweiflung der Mahorais darin, dass es die Nachlässigkeit der Macronisten ist, die für die schlimmeren Folgen dieses Klimadramas verantwortlich ist“, sagt sie.
“Quand Emmanuel Macron dit qu’il faut se saisir de la question de l’immigration, il fait le constat de son échec : l’opération Wuambushu menée par Gérald Darmanin en grande pompe visait à faciliter l’expulsion des clandestins et à démanteler les bidonvilles, finalement l’opération n’a débouché sur rien du tout”, souligne ainsi Edwige Diaz. Or, pour expulser quelqu’un, il faut que l’État d’où vient cette personne accepte de le recevoir : “C’est aussi une crise diplomatique : les Comores qui ne veulent pas reprendre leurs ressortissants, c’est un problème”, dénonce-t-elle. “Emmanuel Macron a été incapable de taper du poing sur la table vis-à-vis de l’État comoréen”, dit la députée, proposant que les aides françaises aux Comores soient conditionnées à l’acceptation du retour des ressortissants comoriens.
Le renforcement du droit du sol est-il toujours une solution pour le RN ? “Oui, mais ce n’est pas la seule. Pour lutter contre l’immigration clandestine, il y a un panel de moyens qu’il faut, de manière complémentaire, mettre en oeuvre”, répond la vice-présidente du parti. “Avant de nous dire que rien n’est possible, qu’on aura les mêmes difficultés que les autres, peut-être, laissons-nous essayer nos mesures avant de tirer des enseignements de mesures que n’avons pas encore mises en oeuvre”.
Sur les agriculteurs : “La censure a été un joli prétexte”
Invitée à choisir comme chaque semaine l’image qui l’a marquée dans la semaine, Edwige Diaz, a choisi une manifestation d’agriculteurs devant la Commission européenne à Bruxelles. “J’ai voulu parler des agriculteurs, que j’ai rencontrés dans mon département vendredi dernier, leur dire qu’il ne faut pas qu’ils se laissent avoir par les discours qui indiquent que si les agriculteurs sont dans une situations difficile c’est à cause de la motion de censure“. Elle explique que le RN a “vu venir” la crise des agriculteurs “depuis des années“.
“Le projet de loi pour l’orientation agricole n’a pas répondu aux attentes des agriculteurs“, dit-elle, évoquant la loi qui n’a finalement pas pu passer en raison de la censure, malgré les demandes de la FNSEA. “On a perdu beaucoup de temps, on a voulu leur imposer un stage de sensibilisation à l’environnement. Pardon, mais on est bien loin des préoccupations“, affirme Edwige Diaz. “La censure a été un joli prétexte pour nos opposants pour nous accuser d’avoir fait du mal aux agriculteurs“, ajoute-t-elle.
Pourtant, Marine Le Pen a tout de suite écrit aux agriculteurs après la censure. “On a un été très responsables, un syndicat nous a accusés, mais beaucoup d’autres ne l’ont pas fait”, répond Edwige Diaz, évoquant la FNSEA. “Nous on ne prend pas position pour un syndicat ou un autre, nous on défend l’agriculture” dit-elle, niant le fait que le RN soutienne la Coordination rurale, organisatrice des principales manifestations du moment.