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Die neuen Seiten von Marc Dugain, Emmanuelle Lambert, Emil Ferris, Fabrice Caro und Mathieu Palain

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“L’Avion Poutine l’Amérique… et moi” de Marc Dugain

Nous sommes d’abord dans l’Amérique des années 1980, à New York, temple de la finance où le narrateur travaille avec efficacité, autant qu’avec un certain dégoût. Contrairement à ses collègues, cet homme sait qu’un jour il arrêtera la course à l’argent pour mener une autre vie, à savoir, écrire. Il est installé dans une maison avec femme et enfants, avant de se retrouver à les élever seul.
Son parcours l’amènera ensuite dans la Russie des oligarques des années 90, avant l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. On suit donc la marche de l’Histoire, avec un grand H, que Marc Dugain éclaire d’un point de vue personnel et la vie intime d’un homme.

C’est un livre autobiographie pour une grande part, puisque les points communs sont nombreux entre le narrateur et l’auteur.

“Aucun Respect” d’Emmanuelle Lambert

Nous sommes à la fin des années 1990 et la narratrice a la vingtaine.
Après avoir été stagiaire dans une association qui recueille des archives d’écrivains, la jeune femme finit par y travailler et se retrouve, je cite, à “déballer du Robbe-Grillet”. Donc elle déballe les archives d’Alain Robbe-Grillet, participe à une exposition qui lui est consacré, tandis qu’elle n’avait encore jamais lu, ni vu les films du “pape du nouveau roman”.
Le récit est l’occasion d’un portrait de l’écrivain et de sa femme Catherine, par ailleurs dominatrice SM, qui ne cesse de répéter à la narratrice “vous, vous êtes très normale tout de même”.

La jeune fille est étrangère aux codes du milieu intellectuel parisien qu’elle décrit avec humour et espièglerie. Espièglerie, qui donne le ton a l’ensemble du livre.

“Moi, ce que j’aime, c’est les monstres” (Livre deuxième) d’Emil Ferris

Traduction de Jean-Charles Khalifa

Emil Ferris s’est fait connaître il y a 6 ans avec “Moi, ce que j’aime, c’est les monstres”, roman graphique qui connut un grand succès en comme aux Etats-Unis et qui fut auréolé de plusieurs prix dont le Fauve d’Or du Festival d’Angoulême.
Le livre deuxième de “Moi, ce que j’aime, c’est les monstres” vient de paraître. On retrouve le journal de bord de la jeune Karen Reyes, alter-ego de l’autrice, elle avait 10 ans dans le premier volume, elle est ado dans celui-ci et se dessine sous les traits d’une louve-garou. L’univers de Karen Reyes, c’est le Chicago malfamé des années 60. Elle y vit avec son frère, bientôt mobilisé pour le Vietnam, leur mère est décédée au début du livre. Ce livre deuxième reprend les motifs de la question queer, de la violence et de la place de l’art.

Comme pour le premier livre, Emil Ferris a réalisé tous les dessins en couleur, au stylo bille, avec un système de hachures. Elle réinterprète des tableaux d’Edward Hopper ou Toulouse Lautrec autant que des unes de magazines pulp.

“Fort Alamo” de Fabrice Caro

Le récit commence au supermarché, comme “Zaï Zaï Zaï Zaï”, excellente bande dessinée qui l’a fait connaître. Nous sommes donc à la caisse, Cyril le narrateur, est dans la file, un homme le double, prend sa place sans excuses, et paf, le malotru s’écoule sur le sol. Un filet dans le journal local précisera que l’homme a été victime d’un AVC.
Le problème, c’est Cyril constate une hécatombe autour de lui : à chaque fois qu’il éprouve une colère contre un être humain ou un animal, celui-ci succombe. C’est fâcheux. Cyril finit par se décrire en superhéros doté de pouvoirs nocifs qu’il appelle AVCman. Ce qui nourrit inquiétude et culpabilité cela dit.
Que va-t-il se passer au repas de Noël, en présence de sa belle-sœur Corinne, qu’il ne porte pas dans son cœur (euphémisme). Comment faire avec la douleur de ceux qui restent, comment se comporter, avec ceux qui surjouent la tristesse et surtout comment vivre le deuil, puisque Cyril vient lui – même de perdre sa mère dont il faut vider la maison ?

On croise l’incroyable Hulk, Sinatra, et Jean-Paul Sartre, dont Caro complète au passage la phrase suivante : “l’enfer c’est les autres avec les réseaux”.

“Les Hommes manquent de courage” de Mathieu Palain

Le récit est mené par une femme, à la première personne.
Elle se prénomme Jessie. Elle a la quarantaine, elle est prof de maths, mère de deux enfants de pères différents.
L’aîné a 15 ans, il s’appelle Marco, il fume du shit et veut sortir de la vie de sa mère le plus vite possible. Mais un soir il l’appelle pour qu’elle vienne le chercher, tout de suite. Dans la voiture, il lui dira qu’il vient de violer sa petite amie.
Mère et fils se mettent alors à rouler dans la nuit et l’aveu de son fils conduit Jessie à raconter son histoire à elle. Son enfance, le viol subit à 18 ans, la vie qui s’en est suivie.
Les phrases sont courtes, ça va vite, on entre dans l’intimité de cette femme de kilomètres en kilomètres.

Le roman est précédé d’un avertissement qui précise qu’il est inspiré d’une histoire vraie. Chacun des trois romans de Mathieu Palain s’appuie sur le réel, d’après des enquêtes qu’il a menées ou des témoignages recueillis.

Les coups de cœurs :

  • Jean-Marc Proust : Œuvres de HP Lovecraft, collection Pléiade/Gallimard
  • Raphaëlle Leyris : livre “Christophe Honoré, des fantômes et des arts” de Xavier Lardoux, Gallimard
  • Laurent Chalumeau : livre “Clean” de Joann Zarca, éditions de la goutte d’or
  • Patricia Martin : livre “Chien perdu” d’Alain Veinstein, Flammarion
  • Rebecca Manzoni : livre “Dickens et Prince, un génie bien particulier” de Nick Hornby, Stock

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