Alors que prennent fin dans une dizaine de jours les trois mois consacrés par la France à la culture lituanienne, nous nous intéressons à l’histoire de ce pays, Balte, coincé entre la Lettonie au nord, la Biélorussie à l’est et au sud-ouest par la Pologne et l’enclave russe de Kaliningrad, occupée pendant 50 ans par l’URSS.
La Lituanie, première république soviétique à prendre son indépendance
On fêtait cette année les 35 ans de la chute du mur de Berlin et du bloc soviétique. Pour autant, cet anniversaire ne fut pas la célébration la plus marquée en Lituanie cette année. Cette année fut aussi les 20 ans de l’entrée de la Lituanie dans l’Union Européenne et dans l’OTAN, des organisations internationales très importantes pour les Lituaniens nous explique Marielle Vitureau, correspondante aux Pays Baltes pour RFI. “Les célébrations étaient nombreuses avec toutes sortes de manifestations festives dans la ville, des panneaux, des fresques dans la ville qui rappelaient cette adhésion, mais aussi des conférences culturelles“. En effet, la Lituanie, qui est un pays catholique s’est toujours plus identifiée à l’Europe qu’au bloc soviétique continue la docteure en science politique Emilija Pundziute-Gallois.
Marielle Vitureau nous rappelle en effet qu'”au Moyen-Âge, la Lituanie était l’un des plus grands foyers européens. SI on prend la première période d’indépendance, donc entre les deux guerres mondiales, le nombre d’étudiants lituaniens qui venaient étudier à Paris ou dans d’autres pays européens, les échanges de beurre lituanien vendus au Danemark ou même de nombreux militaires lituaniens qui se sont ensuite illustrés dans la lutte contre l’occupant soviétique, ont été formés à Fontainebleau, à l’école d’artillerie. Donc il y avait des liens qui existaient et c’était vraiment un monde englouti avec l’arrivée des soviétiques en 1940 et puis après à nouveau en 1944 et tous ces liens qui existaient depuis des années, même au-delà de la première indépendance, ont été coupés nettes”.
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La Lituanie : un pays marqué par la guerre en Ukraine.
Pour les lituaniens, la guerre en Ukraine n’a pas commencé en 2022 mais bien 2014 nous rappelle Emilija Pundziute-Gallois : “les lituaniens étaient déjà en alerte depuis 2008, quand il y a eu cette petite guerre entre la Russie et la Géorgie. Et en 2014, tout le monde se mobilise, les Lituaniens notamment qui rétablissent le service militaire, parce qu’ils voient clairement le danger, cette proximité de la Russie avec laquelle les relations étaient toujours compliquées. Cette menace ressentie fait que les Lituaniens se mobilisent pour augmenter leurs dépenses militaires, pour rétablir le service militaire et pour réclamer plus d’assurance de sécurité de l’OTAN notamment et plus d’intégration dans l’Union européenne“.
La population est elle-même très mobilisée : “c’est comme si les Lituaniens se sentaient être attaqués comme les Ukrainiens. Et tout le monde se mobilisait parce que, comme ils ne pouvaient pas défendre l’Ukraine avec leurs armes, Ils se mobilisaient pour aider surtout les autres francs, accueillir les réfugiés, mobiliser les fonds pour aide militaire à l’Ukraine. Il y a beaucoup de volontaires qui amènent les camions jusqu’à aujourd’hui avec l’aide humanitaire mais aussi l’aide militaire. Il y a la population qui participe au lever de fonds pour acheter même des équipements militaires aux Ukrainiens. C’est vraiment une très très forte mobilisation.”
La saison lituanienne en France : la culture comme outil politique
Politique et outil diplomatique, la culture lituanienne a fait son entrée dans les musées français du 12 septembre au 12 décembre 2024 dans le cadre de la saison lituanienne en France. Une action qui découle, selon Emilija Pundziute-Gallois de “de la diplomatie lituanienne depuis 1990, de faire connaître ce pays, de se mettre en place à l’international pour que les autres le connaissent et pour qu’ils sachent que c’est important de défendre ce pays”. Ce que confirme la journaliste Marielle Vitureau : “Et on a vu justement, qu’avant 1918, les pays baltes n’existaient pas, mais c’était leur représentation dans les tableaux, dans la musique, dans la littérature qui les ont fait exister en fait”.
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Conseils lecture de nos invitées :
Le linceul blanc de Antanas Skema aux éditions Cambourakis
Ténèbres et Compagnie de Sigitas Parulskis, aux éditions Agullo
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