Ce soir-là, à Calais, des citoyens, des associations, des exilés rendent hommage à un bébé décédé deux jours plus tôt lors d’un naufrage. Meryem avait deux mois, elle a péri dans la Manche après que le bateau de fortune où elle avait embarqué avec sa famille s’est disloqué, à 1,5 km des côtes françaises. Depuis le début de l’année 2024, plus de 70 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Angleterre à bord de small-boats. Un record depuis le début et la généralisation, en 2018, de l’utilisation de ces petits bateaux pour traverser le détroit du Pas-de-Calais.
“Je suis tellement triste pour ce bébé, qui, comme toutes les familles ici, cherchait la liberté, la vie“, nous confie Thaeer, un Syrien de 34 ans. Lui a déjà tenté treize fois de traverser la Manche. “J’essaierai encore et encore, parce que si je retourne dans mon pays, je serai tué. Je n’ai rien à perdre“. Nous retrouverons Thaeer en Angleterre quelques jours plus tard, la quatorzième traversée aura été la bonne.
Qu’est-ce qui pousse ces hommes, ces femmes, à prendre autant de risques ? Comment les réseaux de passeurs organisent-ils ce trafic ? Interception a voulu comprendre, en se rendant des deux côtés de la Manche : en France et en Angleterre.
“France-Angleterre : le naufrage migratoire”, un reportage de Cécile Bidault.
Réalisation : Gaëtan Kolly assisté de Martine Meysonnier.
Prise de son : Hélène Langlois
Documentation : Annelise Signoret.
NB : lors du tournage de ce reportage, Laurence Prouvot était maire de Wissant. Elle a depuis démissionné, et a été remplacée par Pierre-Edouard Davies.
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