Selon un rapport d’inspection de l’ARS que Le Monde et Radio France se sont procurés dans le cadre de leur enquête, l’entreprise Nestlé Waters, propriétaire de la marque de Perrier ne serait pas en conformité sur les aspects sanitaires et règlementaires pour produire de l’eau minérale naturelle. Quels sont les critères en vigueur pour produire de l’eau minérale naturelle ? Comment expliquer cette règlementation spécifique, et pourquoi Nestlé a pu s’en affranchir en partie depuis 2023 ? Comment les eaux embouteillées sont-elles contrôlées en France ? Quels sont les risques sanitaires et faut-il accroître les contrôles ?
La contamination des nappes phréatiques
Le document confidentiel de l’ARS Occitanie, rendu public par la cellule Investigation de Radio France et le journal Le Monde, pointe un risque virologique dans la Source Perrier, située à Vergèze, dans le Gard. Ces pollutions sont le résultat d’un processus logique, explique Régis Taisne : “Sur cette Source, les analyses récentes ont montré des contaminations microbiologiques et bactériologiques. Toutes les eaux souterraines, qu’elles soient utilisées pour produire de l’eau minérale naturelle ou de l’eau potable, proviennent de la surface et s’infiltrent dans le sol et la roche. Au cours de ce processus, il y a une filtration d’un certain nombre d’éléments, suivant l’épaisseur et la nature du sol, qui les arrêtent. L’eau se charge aussi en sels minéraux, qui sont plutôt bénéfiques lorsqu’ils sont bien dosés. Ce que symbolise cette contamination, c’est qu’entre la surface et le sous-sol, les activités humaines qui se sont développées ces dernières années — avec des problématiques d’assainissement, d’élevage, de faune sauvage et de matières fécales en surface — percolent et atteignent la nappe souterraine.”
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Une arnaque sans risque
L’entreprise Nestlé, pour faire face à ces nouvelles pollutions, traitait ses eaux de Perrier, Contrex et Parvitel. Or, le principe d’une eau minérale naturelle — ce qui donne droit à cette appellation et au prix de vente qui l’accompagne — est de ne subir aucun traitement. Cela interpelle Régis Taisne : “Les solutions qui ont été mises en œuvre pour traiter l’eau soulèvent une question au regard du Code de la consommation et du Code de la santé publique. Cependant, elles visaient à éliminer les risques de pollution microbiologique qui avaient pu être constatés occasionnellement.”
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Les risques bacteriologiques
La micro-filtration est un processus qui vise à assainir, autant que possible, les eaux minérales. Ce procédé respecte la loi française, mais n’est pas forcément conforme aux normes européennes. Néanmoins, cela n’est pas suffisant, et l’agence pointe un risque virologique. En effet, les micro-filtres utilisés n’écartent pas les virus. Pour Régis Taisne, le problème dépend des cas, analyse-t-il : “C’est plutôt le principe de précaution qui prime. La micro-filtration fait passer l’eau dans des trous extrêmement fins, en dessous du micron, soit un millième de millimètre, ce qui arrête les bactéries sans grande difficulté. En revanche, les virus, qui sont beaucoup plus petits, ne sont pas interceptés. En cas de contamination par des bactéries, en particulier d’origine fécale, humaine ou animale, celle-ci, au niveau de la surface, est inévitablement accompagnée de virus. On ne sait pas si ces virus vont être filtrés par le sol et vont atteindre la nappe. Mais à partir du moment où des bactéries sont trouvées, il peut y avoir des virus, et ils ne seront pas interceptés. Dans la mesure où il n’est pas autorisé de désinfecter, il peut y avoir un risque.”
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