À la veille de la réouverture officielle de la cathédrale Notre-Dame à Paris, le bilan du coût de sa restauration est historique. Redonner au monument son éclat d’antan, en un temps record – un peu plus de 5 ans – n’a pu se réaliser que par la mobilisation de très grandes sommes d’argent. Quelques jours après le drame en avril 2019, les premières estimations, à chaud, évoquaient une fourchette entre 300 000 et 500 000 millions d’euros pour une restauration complète. Cinq ans plus tard, la facture finale est un peu plus élevée.
Au total, 700 millions d’euros ont été nécessaires, pour les deux grandes phases de travaux jusqu’à la réouverture. D’abord, celle de “sécurisation et de consolidation” qui s’est étalée de l’incendie à septembre 2021 – déblaiement, dépollution et renforcement de certaines parties abimées- pour environ 150 millions d’euros. Ensuite, de septembre 2021 à aujourd’hui, la phase de restauration à proprement parler pour environ 550 millions d’euros : reconstruction de la charpente en bois, de la flèche également – 55 millions d’euros à elle seule- ou encore le nettoyage des pierres et grilles à l’intérieur. Une troisième phase de travaux va maintenant démarrer : le traitement des pathologies antérieures, prévu avant même l’incendie, sur les parties extérieures de la nef, la sacristie et le presbytère. Le tout a été financé par l’excédent de dons reçus pour la restauration de Notre-Dame, soit environ 145 millions d’euros.
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Un élan de générosité
Le montant total des dons reçus par les quatre organismes agréés est de 846 millions d’euros au total. Un montant historique à plusieurs titres : les sommes proviennent d’environ 340 000 donateurs issus de 150 pays, dont les plus grosses fortunes de France, les familles Arnault, Bettencourt et Pinault, qui pèsent pour plus de la moitié des dons. Le budget a donc été largement tenu, en toute transparence, sous la surveillance de la Cour des comptes. Mais le revers de la médaille, c’est le coût pour l’État : celui de l’avantage fiscal pour les donateurs qui ont voulu en profiter. Si les plus riches, cités avant, y ont renoncé, les particuliers ont pu bénéficier d’une réduction d’impôt de 66% à 75% du montant du don, 60%, pour les entreprises. Autrement dit, la restauration de Notre-Dame s’est en partie faite à la charge de l’État, donc du contribuable.
Des dons qui posent la question du financement, de façon plus large, de la restauration des milliers d’édifices religieux du pays. Y a-t-il eu un “effet Notre-Dame” ? De l’avis de plusieurs experts interrogés, non. L’émotion suite à son incendie a créé un élan de générosité dont seule la cathédrale a vraiment profité. En témoigne, la vaste collecte nationale pour sauver et entretenir les édifices religieux du pays, lancée par Emmanuel Macron en septembre 2023. Objectif : 200 millions en 4 ans. Seulement un peu moins de 17 millions récoltés au bout d’un an. En France, entre 3 000 et 5 000 églises sont menacées selon l’état-des-lieux de l’Observatoire du patrimoine religieux et la Conférence des évêques de France. Les restaurer est, dans la majorité des cas, à la charge des communes, mais l’argent manque. Et pour ce qui est de l’idée portée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, de financer la restauration des édifices religieux par l’instauration d’une entrée payante à Notre-Dame, la Conférence des évêques y reste farouchement opposée.
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